Vidéo d'un navire affrontant des vagues géantes en mer du Nord

La mer est fascinante lorsqu'elle est blanche de colère. Les déferlantes semblables à des murs donnent l'impression de creuser des plis dans un drap secoué par un (très) mauvais sommeil.

La nature nous montre sa puissance à l'état pur, vexée que les hommes aient pu croire qu'elle pourrait être domptée comme un cheval docile. Les vagues scélérates ont toujours fasciné les passionnés de la mer tant elles sont mystérieuses et imprévisibles. Tels des ovnis, peu de gens les ont vu de leurs propres yeux.

Si certains doutent de leur existence, c'est sans compter sur les connaissances scientifiques et les marins qui les ont rencontré à travers toutes les mers du monde. Notamment lorsqu'une frégate météo britannique en mesura une de 20 mètres, soit l'équivalent d'un immeuble de 6 étages. La caractéristique de la vague scélérate est sa très forte inclinaison. Certaines peuvent atteindre 30 mètres de haut, du creux à la crête.

Dans cette vidéo de très bonne qualité, vous verrez des vagues terrifiantes que des marins ont dû affronter au nord-est des Shetland. Une heure et demi à bord d'un navire confronté à une mer qui se lève progressivement jusqu'à se transformer en tempête avec des vagues monstrueuses (huge wave). Cela donne une idée de la dimension de ces monstres qu'il ne faudrait jamais défier à bord d'une petite embarcation ou d'un voilier.

Pour aller plus loin avec les vagues scélérates

Dans l'immensité des océans, certains cherchent à définir ce qu'est véritablement une vague scélérate. Les experts proposent de la caractériser par une hauteur deux fois supérieure à celle des vagues environnantes. Cependant, cette approche bien que mathématique comporte des limites importantes. En effet, la notion de hauteur significative n'est pas nécessairement comprise, même par des navigateurs expérimentés. Selon les théories actuelles, un tel seuil serait atteint en moyenne une fois par jour, ce qui en fait une mesure peu représentative de la dangerosité réelle des vagues.

Un danger bien plus vaste que la hauteur : la raideur

Il convient de souligner que la hauteur ne fait pas tout lorsqu'il s'agit de juger de la menace d'une vague. La courbure de celle-ci, la raideur de son profil, la vitesse de déplacement ainsi que l'interaction entre sa forme et celle du navire sont des facteurs essentiels. Tous ces éléments contribuent à déterminer l'issue potentiellement tragique d'une rencontre en mer.

Au lieu de se limiter à des critères strictement scientifiques, il est plus pertinent de parler de vague scélérate lorsqu'elle surgit de manière totalement inattendue, même pour le marin le plus aguerri. Ces vagues, par leur caractère imprévisible, se distinguent par une soudaineté qui défie les lois habituelles de l'océan.

Les récits historiques

Avec les avancées technologiques modernes, nous pouvons désormais emmagasiner des images et collecter des données en temps réel, même dans les zones les plus reculées du globe. Cela facilite la validation d'événements maritimes extraordinaires qui, autrefois, n'étaient que difficilement admis. Il y a quelques siècles, les marins revenant d’expéditions lointaines avaient du mal à faire accepter leurs récits. Christophe Colomb, par exemple, rapporta une vague aussi haute que son navire lors de son expédition de 1498. De telles observations étaient souvent perçues avec scepticisme par la communauté des marins.

Une réalité confirmée par les mesures

Les scientifiques n'ont jamais nié l'existence des vagues scélérates, mais il leur manquait les données pour étayer leurs travaux. Ce n'est qu'en 1933, qu'une mesure fiable d'une vague géante a été effectuée par un pétrolier militaire américain, le Ramapo, dans le Pacifique Nord-Ouest. Cette vague atteignait 34 mètres, un record qui reste dans les annales maritimes. Cependant, les conditions de cette observation en ont fait une curiosité scientifique difficile à exploiter.

Des vagues monstrueuses et leurs témoins

De nombreux navires ont été frappés par ces vagues monstrueuses, comme la plateforme pétrolière Draupner ou des géants des mers comme le Queen Mary et le Grand Voyager. Ces événements, largement médiatisés, ont contribué à une prise de conscience générale quant à la réalité des vagues scélérates.

Les phénomènes naturels liés aux vagues extrêmes

Parfois, des vagues considérées comme scélérates trouvent une explication simple, résultant de courants marins ou de conditions météorologiques particulières. Par exemple, les "rouleaux du Cap" se forment lorsque les courants et les vents concentrent les vagues en un seul point, les amplifiant de façon spectaculaire. D'autres phénomènes tels que les tsunamis ou les mascarets diffèrent des vagues dues au vent, en ce qu'ils impliquent une masse d'eau entière plutôt qu'une simple onde de surface.

Prévisions et prévention

Si certaines conditions peuvent favoriser la formation de vagues scélérates, comme des courants puissants ou des houles réfléchies par des côtes abruptes, il reste difficile de prédire avec certitude leur apparition. Les scientifiques travaillent encore à affiner les outils de prévision, mais les vagues scélérates continuent de surprendre marins et océanographes par leur caractère imprévisible.

La Vague de Draupner - Mer du Nord

Le premier jour de l’année 1995, au cœur des eaux déchaînées de la mer du Nord, un événement inouï se produit. Une vague scélérate, imprévisible et immense se dresse à l'horizon. Elle porte désormais un nom mythique dans les annales maritimes : la vague de Draupner.

Cette vague, haute de 26,5 mètres, a surgi brusquement, bien au-delà de la houle ordinaire qui ce jour-là n’excédait pas les 12 mètres. Comme un géant sortant des profondeurs, elle s'est levée sous la plateforme pétrolière de Draupner au large des côtes norvégiennes, défiant toute attente.

Des mesures qui ne laissent plus place au doute

Ce qui rend cette vague si unique, ce n’est pas seulement son ampleur mais la manière dont elle a été mesurée. Des lasers positionnés sur la plateforme scannaient le moindre mouvement des flots. En quelques secondes, l'irréel se produisit : le profil spectaculaire de cette vague colossale fut immortalisé en l'espace de 20 secondes.

Cette première mesure d'une vague scélérate marqua un tournant dans l’étude de ces monstres marins. Ce n’était plus une légende mais une réalité scientifique enfin confirmée.